[Double critique de Unser Kampf, 1968, de Götz Aly (Francfort, Fischer, 2008) et 1968. Jugendrevolte und globaler Protest, de Norbert Frei (Munich, Deutscher Taschenbuch, 2008).]

La commémoration des quarante ans de mai 68 aura suscité une production éditoriale pléthorique, d'inégale qualité, épousant des genres différents.
Les ouvrages de Jean-Pol Baras [Pour Mai. Lettre à ma fille sur le mois de son prénom, Bruxelles, Editions du Cerisier, 2008] et François Cusset [Contre-discours de mai, Arles, Actes-Sud, 2008] témoignent de la diversité de ces styles. Ils relèvent de deux formats très différents mais éclairent les "événements" de manière tout aussi pertinente. (...)

Le 19 janvier 1969, des millions de Japonaises et de Japonais découvrent en direct à la télévision la "prise de la forteresse Yasuda".
Plusieurs centaines d'étudiants et d'étudiantes se sont sont retranchés dans la tour Yasuda, dernier bastion de l'université Todai, à Tokyo, occupée depuis plusieurs mois.
La police mettra trois jours à les déloger. (...)

[L'article est accompagné d'un encadré : Les pratiques autogestionnaires du Zenkyôtô]

"(...) C'est une de ces oeuvres, d'une valeur inestimable pour les révolutionnaires, qui est tant une charge aigüe contre l'oppression qu'un bréviaire de liberté."

A propos du Livre noir de Mai 68 (Editions de Renaissance catholique, 2008).

"(...) En 2008, alors qu'on célèbre les 40 ans du MLF sous l'égide d'Antoinette Fouque, l'intellectuelle et journaliste féministe Caroline Fourest déclare dans Le Monde (10 octobre) qu'une "douce OPA s'opère sur le mouvement de libération des femmes ". Cet anniversaire nous donne l'occasion de nous pencher sur l'actualité de quelques concepts chez au féminisme, au miroir de ses organes de presse. (...)"

Le 2 octobre dernier, de jeunes anarchistes et anarchopunks manifestèrent pour commémorer le souvenir libertaire des étudiants tombés en 1968. Le PRD, à la tête du district fédéral de Mexico, soi-disant de "gauche", réprima cette manifestation par de violents assauts et tortures en toute impunité. Devant ces faits, la fédération libertaire de la ville et de l'Etat de Mexico réagit et déclare ce qui suit. (...)

Le 40ème anniversaire de Mai 68 a suscité, on l'a constaté dans ces colonnes, un ras-de-marée éditorial. La BD n'est pas demeurée en reste.

La tendance à l'appropriation des mouvements sociaux par des partis ou des églises est une pratique universelle !
Elle s'appelle, suivant les lieux ou les époques, "récupération", "léninisme" ou "stalinisme", "avant-gardisme", "populisme"...
Les armes : la force ou le chantage.
Aucune initiative de la base n'est épargnée.
Le mouvement des femmes non plus. (...)

Beaucoup - trop vraisemblablement - a été écrit pour les 40 ans de mai 68.
Cet ouvrage [Daniel Lindenberg, Choses vues, une éducation politique autour de 68, Paris, Bartillat, 2008] tranche heureusement avec la grande majorité de la littérature en ce qu'il inscrit le témoignage d'un acteur dans le cadre d'une réflexion distancée.
Il ne s'agit pas de défendre mai 68, mais de le comprendre.

[A propos de Sortir de la nuit, une histoire des années de plomb, de Mario Calabresi, Paris, Gallimard, 2008]

A propos de Slogans pour les prochaines révolutions, de Denis Langlois (Seuil, 2008)

Mai 68 vient d'être salué en fanfare et de multiples façons en France pendant plusieurs mois (pour ne parler que de l'écrit, 150 livres ont été publiés et la plupart des journaux ont réalisé un numéro spécial sur le sujet).
Nombre de ses aspects qui avaient été censurés lors des commémorations précédentes ont, à l'occasion de ce quarantième anniversaire, heureusement été rappelés, en particulier concernant la participation ouvrière et paysanne au mouvement de mai-juin 1968, ainsi que ses fondements libertaires.
Toutefois, la contestation de l'ordre qui s'est exprimée alors (notamment à travers les comités d'action) et les grosses mobilisations des années suivantes ont eu en commun deux aspects fondamentaux qui méritent d'être soulignés, dans une optique de changement révolutionnaire : ici comme là, il y a en effet eu critique de l'autorité et expérimentation d'alternatives anti-autoritaires.